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Variole du singe - des mesures immédiates sont nécessaires !

· communiqué de presse

Face à l’augmentation des cas de variole du singe et aux premiers décès en Europe, la Suisse reste inactive, exposant la population à des risques sanitaires inutiles. Cette inaction est d’autant plus coupable que des solutions existent ! Nous demandons la mise en place rapide d’une offre de dépistage gratuite et accessible, l’accès aux vaccins et aux traitements dans un cadre sécurisé et non stigmatisant, et un monitoring transparent et complet de la situation.

La situation sur le plan sanitaire, en lien avec la variole du singe, se dégrade en Suisse, avec une augmentation exponentielle des cas sur les dernières semaines. Et cela ne va pas s’améliorer en l'absence de véritable politique sur la question. Cette maladie, le plus souvent bénigne, entraîne néanmoins parfois de fortes souffrances (allant jusqu'à nécessiter une hospitalisation dans 10% des cas pour traiter les douleurs - y c. par morphine - et/ou des surinfections) et des conséquences dramatiques (cicatrices y compris sur le visage, autres conséquences à long-terme encore inconnues) pour les personnes atteintes. Les "solutions" actuelles (isolement sans traitement, pendant plusieurs semaines) exposent les personnes à des conséquences psychologiques (isolement), sociales (coming-out forcés) et professionnelles parfois graves.

Cette situation est inacceptable d'un point de vue de santé individuelle, communautaire et publique, et sa concentration au sein de la population HSH multipartenaires (pour l'heure...) ne devrait pas servir d'excuse à l'absence de mesures de la part des autorités de santé, particulièrement du fait de l'existence de solutions (traitements, vaccins, tests).

Nous demandons ainsi de manière prioritaire les 4 mesures suivantes :

1. Mise en place d'une politique de dépistage accessible et gratuite

A l'heure actuelle, les dépistages ne sont que difficilement accessibles, et uniquement aux personnes avec des symptômes et/ou une exposition avérée (partenaire/proche diagnostiqué·e). Cette situation empêche les dépistages préventifs. Elle ne permet pas aux personnes soupçonnant d'avoir contracté la maladie ou pouvant avoir été exposées d’être diagnostiquées précocement, ce qui permettrait de briser les chaînes de transmission.

De plus, en l'absence d'un tarif fixé pour le dépistage et de clarté sur la prise en charge des coûts, la situation actuelle décourage les médecins et les centres de santé de proposer une telle offre. Ainsi, nous demandons une clarification rapide du système de tarification, ainsi que la prise en charge des coûts par les autorités publiques (cantons, confédération) et/ou par les caisses d’assurance-maladie.

2. Accès rapide et en quantité suffisante au vaccin

De nombreux pays occidentaux ont d'ores et déjà lancé une campagne de vaccination à large échelle avec l’Imvanex, évalué comme efficace à 85% par l’OMS. La Suisse fait de plus en plus figure d'exception. Certaines personnes ont ainsi déjà commencé à aller se faire vacciner à l’étranger, à défaut de pouvoir le faire en Suisse. Or, comme l'a démontré l'expérience du Covid-19, seule la vaccination permettra d'endiguer l'épidémie et d'éviter d'exposer les groupes les plus vulnérables à la maladie.

Afin de permettre l'importation rapide des doses nécessaires, nous proposons la mise en place d'un programme national de vaccination, ce qui permettrait de pallier l'absence d'autorisation de Swissmedic. Il semble en effet peu probable que le fabricant dépose une demande prochainement, en particulier pour un marché aussi restreint.

Une fois les doses disponibles, il sera nécessaire d'amener les vaccins au plus près des populations exposées. Une offre de vaccination devra être mise en place dans les régions, de préférence par le biais ou en coopération avec les organismes communautaires, afin de limiter autant que possible les barrières d'accès (risque de stigmatisation, nécessité de coming-out).

3. Accès aux traitements existants pour les personnes infectées

Des médicaments anti-viraux contre la variole existent et ont déjà été utilisés en Suisse (ex. techovimirat). L'absence d'autorisation officielle de Swissmedic force cependant les médecins à une utilisation off-label qui engage leur responsabilité. Cette situation est dissuasive pour le corps médical, alors que de tels traitements peuvent diminuer les symptômes, accélérer la rémission et réduire la contagiosité. Ainsi, leur usage devrait être au plus vite autorisé.

4. Monitoring épidémiologique complet et transparent

Les chiffres actuels de l'OFSP ne représentent qu'une partie des cas, car seuls les cas confirmés en laboratoire y sont recensés, ce qui exclut les cas pour lesquels les médecins ont établi le diagnostic sur une base clinique, sans le confirmer par un dépistage. Les cas suspects et les cas probables sont ainsi exclus de l'analyse, empêchant une vue d'ensemble de la situation. Toutes les données pertinentes devraient ainsi être rassemblées et mises à disposition, sur le modèle de ce qui a été fait pour le Covid.

Outre ces enjeux qui relèvent du niveau fédéral, diverses mesures peuvent aussi être prises ou anticipées au niveau cantonal :

1. Mise en place d'une page d'information, sur le modèle de Genève (www.ge.ch/variole-du-singe), permettant ainsi un accès clair aux informations sur les services pouvant informer et orienter les personnes concernées, sur les possibilités de dépistages, ainsi que sur les chiffres actuels en Valais.

2. Préparation à la campagne de vaccination à venir, en organisant en amont les infrastructures, en lien avec les organes communautaires et para-publics concernés, pour garantir le déploiement rapide et adéquat des vaccins une fois leur acquisition réglée au niveau national.